vendredi 9 mars 2012

Valery Gergiev et l'Orchestre du Théâtre Mariinky avec Stravinsky au Théâtre des Champs-Elysées


Théâtre des Champs-Elysées, jeudi 8 mars 2012

Valery Gergiev - Photo : DR

Quoique Russe, Igor Stravinsky n’est pas encore familier aux orchestres de son pays, même les premières de ses œuvres pourtant profondément enracinées dans la tradition de sa terre natale, populaire et savante, avec une influence indéniable de Rimski-Korsakov. Cette fréquentation peu suivie pendant près de soixante-dix ans se ressent encore dans l’interprétation qu’en a proposé hier jeudi l’Orchestre du Théâtre Mariinsky et son directeur Valery Gergiev, dans un programme monographique présentant trois aspects de la création de Stravinski, l’un des trois grands ballets commandés par Nijinski au tournant des années 1910 et deux partitions de la période néo-classique, une page concertante et une symphonie avec chœur conçues en 1929-1930.
Orchestre derrière le cadre de scène, chef dirigeant mains nues et sans estrade mais partition devant le nez, le dispositif rendait le son froid et distant. D’autant plus que, ouvrant avec le ballet sur lequel se terminent généralement les concerts, Gergiev a retenu de Petrouchka non pas la version originale de 1911 mais sur celle que Stravinski réalisa en 1947 pour en faciliter l’exécution en concert, avec des cordes réduites (14-12-10-8-6) et le reste en proportion. Une version plus terne, moins fauve, âpre, puissante, contrastée et dynamique que la première mouture. Il convient néanmoins de saluer la performance des pupitres solistes, particulièrement trompette, trombone et bois, mais de légers problèmes de cors et des cordes pas assez étoffées et parfois désordonnées. C’est en cela que l’on mesure combien l’âpreté des ballets de la première période de Stravinski est encore étrangère aux musiciens russes.
En revanche, le Capriccio pour piano et orchestre de 1929, terriblement virtuose et exigeant côté rythmique avec ses nombreux et terrifiants contretemps a été mené avec maestria, tant par l’orchestre que par le soliste, Boris Berezovsky, surtout l’Allegro conclusif lors de la reprise en guise de bis, Berezovsky exaltant des sonorités qui fusionnaient avec les timbres de l’orchestre au milieu duquel le piano était installé, queue face au public.
Les vingt minutes de la Symphonie de Psaumes composée en 1930 où violons et altos sont absents, occupaient seules la seconde partie du concert. Installées très loin derrière le cadre de scène, les cordes graves étaient comme dans un brouillard d’où émergeait la lumière crue des instruments à vent dont on entendait les soli à la perfection et qui rendaient quasi inaudible le Chœur du Théâtre Mariinsky, dont on n’a pu entendre clairement que deux mots dans le seul troisième mouvement (Psaume 150) : Laudate et Alleluia
Bruno Serrou

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