lundi 22 avril 2013

Roberto Scandiuzzi campe à Toulouse un attendrissant Don Pasquale


Toulouse, Théâtre du Capitole, vendredi 19 avril 2013

Roberto Scandiuzzi (Don Pasquale). Photo : (c) Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse

Quatorze mois après le Théâtre des Champs-Elysées à Paris qui avait confié le Don Pasquale de Gaetano Donizetti à Denis Podalydès, le Théâtre du Capitole de Toulouse présente une nouvelle approche de ce fameux opéra bouffe, plus de vingt ans après celle dans laquelle s’illustra l’énorme Gabriel Bacquier. Après les tréteaux de fête foraine de Podalydès (voir http://brunoserrou.blogspot.fr/2012/02/theatre-des-champs-elysees-don-pasquale.html), Stéphane Roche situe lui aussi l’action dans les années 1960, mais au centre de Rome, surchargeant comme Podalydès son propos d’images sorties de Federico Fellini et de Vittorio de Sica, avec affiches promotionnelles de La Dolce Vita (1960) et de la célébrissime Ferrari 250 GTO (1962), tandis que les désormais inévitables bicyclettes et scooters - ici un superbe Lambretta 125LD de 1956 - sont bien évidemment conviés.

Juan Francisco Gatell (Ernesto), la Lambretta, la 250 GTO et La dolce vita....  Photo : (c) Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse  

Autre élément scénographique toujours plus invariablement utilisé, le décor format boîte s’entrouvrant en son milieu que Bruno de Lavenère exploite cette fois comme intérieur de la résidence bourgeoise lourdement encombrée du riche barbon naturellement manipulée par des figurants. La gifle infligée à Pasquale par Norina qui, bien que située au troisième acte, tient une place centrale dans l’ouvrage en faisant passer celui-ci de la comédie au tragique sitôt qu’elle résonne, ne réduit pas le barbon au ridicule mais le rend au contraire d’autant plus attachant. 

Roberto Scandiuzzi (Don Pasquale), Juan Francisco Gatell (Ernesto) et Dario Solari (Malatesta). Photo : (c) Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse 

Bien que les situations soient plus ou moins convenues, à l’exception de la quatrième scène du quatrième acte qui se déroule sur la terrasse de l’appartement de Norina puis dans la rue, et que la direction d’acteur ne soit pas transcendante quoique efficace, la comédie est menée avec vivacité, si bien que l’on ne s’ennuie pas une seconde.

Donizetti, Don Pasquale. Scène finale. Photo : Patrice Nin / Théâtre du Capitole de Toulouse 

Sans avoir l’excentricité d’un Gabriel Bacquier, qui a fait ce rôle sien, Roberto Scandiuzzi a la truculence et la spontanéité de Don Pasquale, pour lequel l’on compatit tant il semble vrai, ne surchargeant jamais le trait et en faisant finalement un être attendrissant. Il lui suffit en effet d’être et de laisser porter par le rôle sa voix ferme et colorée. Dario Solari est un Malatesta consistant et truculent, vocalement séduisant, Juan Francisco Gatell un Ernesto élégant tenor di grazia mais la voix manque de carnation. Jennifer Black a l’abattage qui sied à Norina. Tout d’abord criarde en harpie de comédie, elle trouve vocalement ses marques au troisième acte, où elle se fait soudain plus chantante. Dans la fosse, Paolo Olmi donne avec souplesse mais sans génie l’impulsion à la partition de Donizetti, à la tête d’un Orchestre du Capitole sans défaut. Si l’on se félicite de la présence sur scène du solide et fort musical trompettiste René-Gilles Rousselot dans le lamento d’Ernesto au début de l’acte II, Povero Ernesto! Dalla zio cacciato, l’on regrette la prestation au lointain des guitaristes et du percussionniste dans la célèbre sérénade du même Ernesto au troisième acte, Com’è gentil - la notte...

Bruno Serrou

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