mercredi 9 avril 2014

Le baryton-basse britannique John Shirley-Quirk est mort. Il était un proche de Benjamin Britten

Chanteur parmi les plus éminents de la grande école de chant anglaise du XXe siècle, le baryton-basse John Shirley-Quirk s’est éteint lundi 7 avril. Il avait 82 ans.

John Shirley-Quirk (1931-2014). Photo : DR

Membre de 1964 à 1976 de l’English Opera Group fondé et dirigé par Benjamin Britten, John Shirley-Quirk restera comme l’un des plus éminents interprètes du compositeur, autant à la scène qu’au disque, gravant avec lui non seulement nombre de ses œuvres mais aussi de partitions comme les Scènes du Faust de Goethe de Robert Schumann.

Né à Liverpool le 28 août 1931, il avait commencé à chanter dans un chœur d’enfants, avant de commencer le violon. A l’Université de Liverpool, tout en suivant des études de chimie et de physique, il étudie le chant avec Austen Carnegie. Professeur de Sciences, il se rend en 1957 à Londres où il est l’élève de Roy Henderson. Quatre ans plus tard, il fait ses débuts sur une scène lyrique au Festival de Glyndebourne dans le rôle de Gregor Mittenhofer d’Elégie pour jeunes amants de Hans Werner Henze, et, en 1962, dans le Docteur de Pelléas et Mélisande de Debussy. Il chante au Scottish Opera, puis, recruté par Britten en 1964, il devient membre de l’English Opera Group, où il restera jusqu’à la mort du compositeur. Il s’y imposera comme son incontournable interprète, créant les Church Parables - il donne The Prodigal Son aux Festivals d’Aldeburgh, Versailles, Londres, Flandres et Edimbourg -, Owen Wingrave et Death in Venice. Pour la télévision britannique, il participe à une production de Billy Budd dirigée par Britten. En 1973, il se produit pour la première fois au Covent Garden de Londres, et en 1974 au Metropolitan Opera de New York. Puis c’est la Scala de Milan… En juillet 1977, il crée le rôle de Lev dans The Ice Break de Michael Tippett. Parmi ses grands rôles, Alfonso dans Cosi fan tutte et Don Giovanni de Mozart, Eugène Onéguine de Tchaïkovski, Pimène de Boris Godounov de Moussorgski, et Arkel de Pelléas et Mélisande de Debussy. Il a également chanté le Château de Barbe-Bleue à Berlin, Wozzeck à Saint Louis...

Peter Pears et John Shirley-Quirk dans Death in Venice de Benjamin Britten. Photo : (c) Anthony Crickmay/Metropolitan Opera Archives

John Shirley-Quirk est également célébré comme interprète du répertoire mélodique et avec orchestre, du répertoire baroque à la musique du XXe siècle, se produisant à travers le monde avec les grands orchestres internationaux. Il aura également enregistré plus d’une centaine de disques, dans des œuvres de Claudio Monteverdi, Jean-Sébastien Bach, Georg Friedrich Haendel, Joseph Haydn, Félix Mendelssohn-Bartholdy, Hector Berlioz, Robert Schumann… En 1982, il a été nommé directeur artistique associé du Festival d’Aldeburgh, puis il enseigna le chant à partir de 1991 au Conservatoire Peabody de Baltimore. En 2008, il participa au financement de la campagne de Barak Obama. En 1975, il avait été élevé au rang de Commandeur de l’Ordre de l’Empire Britannique.

Si sa voix n'était pas des plus amples, la puissance de ses interprétations et sa rare perspicacité de pénétrer la pensée de Britten l’ont rendu indispensables au compositeur, qui avait besoin d'un chanteur fiable, capable de transformer ses concepts dans une interprétation scénique crédible. Il était un éminent interprète de Bach, qu’il se plaisait à chanter aux côtés de chanteurs comme Janet Baker, Heather Harper et Philip Langridge. Parmi ses disques, les Scènes du Faust de Goethe de Schumann sous la direction de Britten, L’Echelle de Jacob de Schönberg avec Pierre Boulez, A Midsummer Night’s Dream, Billy Budd, The Rape of Lucrecia et Death in Venice de Britten dirigés ou supervisés par le compositeur, les Cantate BWV 170, 82 « Ich habe genug » et 159 de Jean-Sébastien Bach avec Neville Marriner, Dido and Aeneas de Purcell avec Colin Davis…

Bruno Serrou

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire