vendredi 11 juillet 2014

CD : Karajan Symphony Edition

Pour les vingt-cinq ans de la disparition d’Herbert von Karajan, qui forgea sa réputation d’éditeur phare de musique classique, DG réédite un coffret référence, la Karajan Symphony Edition, avec les Berliner Philharmoniker dont il fut chef à vie.

Photo : (c) Bruno Serrou

Herbert von Karajan disparaissait voilà vingt-cinq ans, le 16 juillet 1989, en son domicile d’Anif, non loin de Salzbourg. Il avait 81 ans. Contesté pour son passé d’adhérent au parti nazi, pour son comportement de star, pour sa volonté de tout contrôler et pour son extrême exigence artistique, le chef autrichien reste pourtant aujourd’hui l'une des grandes figures de la musique comme référent en matière de direction d’orchestre, autant par son son legs discographique considérable comptant plus d’un millier d’enregistrements pour DG, Decca et EMI, auxquels il convient d’ajouter les vidéos réalisées chez Sony Classical, ce qui en fait le chef le plus enregistré de l’Histoire et le plus gros vendeur de disques avec plus de deux cents millions d’exemplaires vendus, que par la façon dont il a forgée l’image du chef d’orchestre omnipotent et omniscient.

Herbert von Karajan (1908-1989) en pleine séance d'écoute durant un enregistrement. Photo : DR

DG, son éditeur principal qui était allé jusqu’à installer pour lui à Berlin des bureaux et un petit appartement équipé d’un Steinway de concert alors que le siège social de la société est à Hambourg et ses usines de production à Hanovre, rend hommage à celui qui a fait en grande partie sa fortune autant qu’il a fait celle du maestro en proposant deux volumineux coffrets consacrés à ses enregistrements symphoniques, un volume réunissant tous ses Richard Strauss et un second regroupant huit grands cycles symphoniques, les intégrales Beethoven, Brahms, Bruckner, Mendelssohn, Schumann et Tchaïkovski, ainsi que les symphonies « Parisiennes » et « Londoniennes » de Haydn et neuf des symphonies de Mozart, les n° 29, 32, 33 et 35 à 41, soit un total de soixante-quatre symphonies. Initialement parue en 2008 à l'occasion du centenaire de Karajan, cette somme proposée à petit prix qui propose également ouvertures et autres pages d’orchestre de ces mêmes compositeurs, est disponible pour la première fois en France cette année dans son intégralité en un unique coffret de trente-huit CD, soit plus de quarante-trois heures de musique. Ce qui constitue une excellente introduction à l’histoire de la symphonie, de 1774 à 1896.

Herbert von Karajan (1908-1989) devant une console son. Photo : (c) Berliner Philharmoniker

La plupart de ces partitions ont été captées par les micros de DG entre 1971 et 1982, alors que la virtuosité de l’Orchestre Philharmonique de Berlin fondue à l’esthétique du chef autrichien est à son apogée. Bien connus, les enregistrements Brahms, surtout la Quatrième Symphonie, et Beethoven, l’intégrale la plus homogène au côté de celle que Karajan a réalisée en 1962, demeurent indispensables pour leur hédonisme, leur acuité et leur vivacité, caractéristiques que l’on retrouve dans les Tchaïkovski, autre grande spécialité de Karajan comme l’avaient démontrées les trois dernières symphonies du compositeur russe réalisées en 1964 avec le même orchestre pour le même éditeur, mais plus sombres et plus incisives dans ceux réédités ici, dans ces enregistrements de 1975-1979. Les grands classiques que sont Haydn et Mozart sont joués avec la même perfection sonore. Mais ce sont les Bruckner qui constituent le fleuron de ce coffret, avec la profonde compréhension de l’architecture et du contenu spirituel des immenses arcs de cathédrales sonores que constituent chacune de ces symphonies, gorgées d’une profonde émotion, ce qui fait de Karajan l’interprète idéal de son compatriote.

Herbert von Karajan (1908-1989) avec un autre grand chef du XXe siècle, Rafael Kubelik (1914-1996) dans les studios DG. Photo : DR

S’il manque ici les grandes gravures mahlériennes, surtout sa seconde Neuvième captée « live » en 1982, et ce qui reste sans doute comme ses plus grandes réalisations que sont ses enregistrements de œuvres pour orchestre de Schönberg, Berg et Webern, ses uniques incursions dans l’univers de la musique atonale et dodécaphonique, ainsi que son second Sacre du printemps de Stravinski et, dans le domaine de la musique française, Debussy et Honegger - alors que ses Richard Strauss, nous l’avons vu, font l’objet d’une publication parallèle -, ce coffret de près de quarante CD constitue une somme qui ne décevra pas les mélomanes, qu’ils soient connaisseurs ou amateurs désireux de se constituer une discothèque de qualité.


Néanmoins, pour ceux qui hésiteraient à se procurer ce coffret, DG propose un digest de deux CD présentant trente-deux extraits d'autant de partitions de vingt-sept compositeurs, d'Albinoni à Holst - y compris l'inévitable Canon dit de Pachelbel - sous le titre « Classic Karajan The essential collection ». 

Bruno Serrou

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